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Aymeric Rouillac
Aymeric Rouillac
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3 avril 2003

DE L'AMOUR EN SYRIE, ET DU SEXE AUSSI

Ou quel type de fille lever au Levant

            

Je m’envolais vers l’Orient compliqué  enivré des contes des Mille et une nuits, excité par l’interdit et les tabous, je me suis donc mis à observer, discuter, cherchant à comprendre comme les gens aiment, comment ils font l’amour ici. Regarder sans toucher : la vue est partielle, le regard sera masculin et la vision occidentale. Nous débutons avec une histoire qui n’avait pas si mal commencé. Elle syrienne, musulmane libérée, marchant sans voile dans la rue, et lui français expatrié, à la recherche d’une nana. Plutôt gentil. Voilà trois mois que je connais F***, trois mois que tous les soirs il me tient au courant de l’évolution de sa relation avec M***, trois mois qu’il est d’un pessimisme rare, s’accrochant sans espoir. Accrocher une syrienne relève du parcours du combattant, du jeu vidéo sadique dont le gros chef des méchants à la fin porte une bague au doigt, répondant au doux nom de « Zawaj » : mariage.

Il y a trois types de filles pour simplifier. Celle qu’on a facilement moyennant finance, celle qu’on a sans argent, plus difficilement, et celle qu’on a en se mariant. Oubliez les clivages religieux chrétien musulman. Si la chrétienne peut paraître moins timide, ce n’est que la façade. L’éducation est la même. Arabe. Pour les garçons soyez tenté de dire « Tous des cochons ! » N’oubliez pas la morale de la morale de « La Rirette », les femmes aiment les cochons. Un Iranien auquel des amis bienveillants tentaient de soutirer la fille de quinze ans pour me l’offrir en mariage s’est écrié « Comment veux tu que je donne ma fille à un européen. Elle va s’ennuyer. Ils n’aiment pas le sexe ! » Faible nuance encore religieuse. Les chrétiens étant plus habitués que les musulmans à fréquenter des filles non voilées, on leur reconnaît un certain savoir-vivre. Que les Français se rassurent, leur galanterie les place au hit parade du gendre idéal.

Les filles à marier sont l’espèce la plus répandue. Elles pullulent, marche la tête haute, ne se compromettent jamais. Elles ont le nez fier, qu’elles lèvent lorsqu’on les aborde dans la rue « Wein ya helou ? » « Où vas-tu beauté ? » Elles traînent entre elles, se protègent, rencontrent un jour un garçon qu’une tante ou une amie de la famille tient à leur présenter. Elles le fréquentent, et décident ou non de poursuivre la relation. H*** ainsi s’est fiancée à 18 ans. Le garçon en avait 32. Du jour au lendemain il s’est montré jaloux et autoritaire. Elle l’a quitté deux mois plus tard. Elle me montrait ses photos encore émue. F*** n’avait pas, elle, résisté à la tentation de déchirer la moitié oubliée. La situation économique étant mauvaise, l’homme doit travailler dur, épargner un peu, trouver un appartement et montrer des gages de bonne morale avant de penser à conquérir des beaux-parents. Il a donc atteint un âge avancé avant d’arriver sur le marché de la vie familiale. Les filles de son âge devenues femmes ne l’ont pas attendu. Il tape par conséquent du côté des plus jeunes. Qu’on ne pense pas qu’il s’agit d’un mariage arrangé. La rencontre des tourtereaux est, elle, arrangée par la famille. S’il y a de grosses pressions d’un côté comme de l’autre, les enfants sont libres de tenir tête. Quitte à se forger une réputation d’intouchable. Mon amie M***, 26 ans, ouverte comme peu de filles, n’a ainsi jamais embrassé sur les lèvres un garçon de sa vie. Elle attend le bon.

Il va de l’honneur d’un père de marier ses enfants. Le plus tôt est le mieux. Mon masseur du hammam est tout fier de m’annoncer que sur ses cinq filles quatre sont mariées, même si le taux est de 2/5 pour les garçons. Dix enfants est un chiffre qui m’a surpris. D’une seule épouse, ce qui m’a étonné. L’Islam autorise jusqu’à quatre femmes en même temps. Ce qui n’interdit pas le divorce et le remariage. La procédure de divorce étant relativement égalitaire entre les sexes. Le Coran édicte l’obligation pour le mari de traiter toutes ses femmes de la même manière. Du coup la première épouse se fait choyer, offrir des biens coûteux, coupant ainsi court financièrement à toute velléité de second mariage chez son mari. C’est pourquoi la femme arabe a besoin d’être couverte de cadeaux en permanence, m’a t-on affirmé. Un mariage et à fortiori une épouse coûtant cher, la polygamie est très peu répandue. Les raisons sont plus sentimentales qu’ancillaires, il faut le reconnaître. Elle touche essentiellement des régions reculées, ou des milieux suffisamment aisés et généralement moins éduqués.

La petite copine est un gibier de choix. Recherchée, chassée. L’essentiel me disait J*** est de ne pas lui mentir. Lui dire clairement qu’on ne lui passera pas la bague au doigt, mais qu’on passerait volontiers un agréable moment en sa compagnie. Ne pas faire rêver une fille pour la déshonorer. Il y a dans cette catégorie trois sous-catégories. Celle qui couche, celle qui ne couche pas mais fait tout le reste, et celle qui ne fait rien d’autre que de donner ses baisers et son amour. Quoique je connaisse des filles qui ont eu un petit copain sans jamais l’avoir bécoté. La version soft passe des heures à discuter, à se promener ou à emmener le petit frère au cinéma. Un de mes vieux amis reçoit régulièrement, dans l’antre de son restaurant, une maîtresse en secret. Je le vois toujours heureux lorsqu’elle est là. On barre la porte pour les clients, on répond à sa femme au téléphone « Abu Y*** est sorti pour une course. » Je doute qu’il rencontre sa douce ailleurs. Cette relation leur suffit. I*** encore avait rendu une bourgeoise folle de lui sans jamais la forcer. Elle avait fini par le quitter de peur de céder à son amour et à ses envies.

Celle qui fait tout sans coucher alimente de nombreux fantasmes chez les étudiants étrangers. La virginité est une chose sacrée. L’hymen un précieux voile qui ne saurait faire défaut le jour du mariage. Il n’y a pas si longtemps, le soir de la nuit de noces, les deux mères attendaient devant la porte des jeunes mariés qu’ils ressortent avec un mouchoir ensanglanté. La mère de la fille exultant de joie « Je vous l’avais bien dit que ma fille est un bijou ! » Celle du marié se félicitant de la virilité de son fils. Donc il y a des filles prêtes à tout sauf à l’hymen. L’hypocrisie est à prendre ou à laisser. Sans réflexion.

Celle qui couche est une perle précieuse. Les plus répandues sont étrangères, libanaises ou occidentales. Quant aux syriennes, on l’apprend de nombreuses années après que les enfants ont grandi. Papa, un soir, t’explique qu’il avait eu une relation avec une fille, avant de connaître ta mère. D’elle nous ne saurons rien. A moins d’être son amie et d’entrer dans ses secrets. Investigation à poursuivre. Il y a des consignes et des règles non écrites qu’on se refile entre copains. Ne pas prendre une fille de son quartier ou de son travail. Premièrement, imagine la réputation qu’elle te fait si elle refuse. Deuxièmement, derrière les portes closes et les rideaux tirés tout se sait, tout circule. J*** encore me disait qu’il ne se pardonnait pas de s’être moqué d’un de ses petits copains à propos de la relation extraconjugale qu’avait le grand frère de celui-ci. D’où il la tenait, il ne se souvient plus. Toujours est-il que si tu trompes ta femme, même le copain de ton petit frère de 10 ans le sait. Bonjour la discrétion. J*** pour en finir a décidé de se tenir à l’écart de toute embrouille. Pour l’image avant tout. « Je rentre chez moi comme un roi et en ressors empereur. Ma femme n’a rien à me reprocher et donc rien à me refuser. »  La fille trouvée, lui fixer ensuite rendez-vous dans un endroit approprié. Café, parc, restaurant… La gare du Hejaz est le must selon moi. Un peu glauque, un café est installé dans quelques wagons désaffectés. La serveuse est mignonne, vulgaire et discrète. Elle referme la porte d’un compartiment où des couples vont et viennent pour se retrouver dans l’intimité. L’arrière d’une voiture ou les buissons du parc de la Ghouta sont aussi plébiscités. Le top étant l’appartement d’un ami ou une chambre d’hôtel anonyme. En accompagnant P*** dans une chambre du centre ville, j’ai été surpris par la fréquence des couples qui entraient, laissaient un  billet à la réception et disparaissaient. Remarque appréciable en voyage : l’étrangère ou la libanaise sont des filles qui « tombent » plus facilement, tout comme l’étranger ou le libanais. Il est donc commun et dés( ?)agréable d’être assailli de plaisanteries et de regards ravageurs.

La pute, « Sharmouta » en arabe. Elle est rarement syrienne. Souvent russe. On la trouve dans l’un des sept cabarets qui animent Damas la nuit. Ou par hasard dans sa chambre d’hôtel. J’ai préféré un soir quitter un établissement à Alep lorsque j’ai imaginé les cris de la nuit qui se préparait dans la chambre d’à côté. Les trois grâces étaient plus que plantureuses, et défraîchies. Un chanteur me narrait, une larme à l’œil,  ses tournées dans l’URSS de la grande époque. Nous divaguions sur les filles et les hôtels de luxe, en sirotant à la paille une bouteille de whisky dans un café d’Hama, ville historiquement religieuse s’il en est. Maintenant ce sont les filles russes qui viennent à lui. Véritable business mafieux, elles sont importées par les moukhabarat qui veillent sur leur hygiène. Elles bossent de 20 heures jusqu’à 5 heures le matin, et n’ont l’autorisation de quitter leur hôtel que de 14 heures à 18 heures l’après-midi. Malheur à celle qui enfreint les règles, elle sera renvoyée par le premier avion. A moins qu’elle ne paye le flic qui l’a surpris. Espèces et nature sont acceptées. Un des plus doux métiers du monde, me rapportait l’ami d’un de ces anges gardiens.

            Il faut pour finir vous faire part d’un des meilleurs vecteurs de la culture française : la chaîne satellite XXL, érotique et française. R*** est ici mon cobaye. Adorable tout l’hiver, et l’été aussi. J’ai fini par déserter sa chambre, lassé par la récurrence de ses passions. Il avait été fiancé puis marié, mais la fille l’a quitté. Il est en passe de se re-marier, mais vient d’apprendre que la fille était enceinte d’un autre garçon. Pour séduire l’un de ses beaux pères éventuels, il l’avait invité chez lui. Je me disais que celui-ci voulait des gages de bonne conduite. Que nenni. Il a été le premier à déboucher une bouteille de vin vieilli, et à brancher le poste sur XXL. « C’est le sexe total, la beauté du geste, l’amour magnifié. De l’art... Le meilleur de ce que la France nous envoie ». Je suis à vrai dire incapable de vous dire si les dialogues étaient en français. A la question du « Pourquoi toujours sexy chanel ? », on me répond invariablement « Que veux- tu regarder d’autre ? Là il n’y a pas de problème, tout est simple, beau. En Syrie les filles sont intouchables. A la télé on en fait ce qu’on veut. Mes fantasmes réalisés. » Mon amie P*** était plus discrète pour me raconter son plaisir en solitaire « J’ai besoin d’exprimer ces sentiments enfouis en moi. Ç’est  venu tout seul, naturellement. » En Syrie comme en France, les jeunes se ressemblent, les désirs et les passions aussi. Mais nous sommes dans une société stricte et fermée où la culpabilité est un sentiment puissant. Le silence est d’or. L’honneur et la fierté aussi. P*** qui est chrétienne a fini par s’éloigner des voies officielles du Seigneur, ne supportant plus d’avoir à se confesser.

            Le petit tour des trois types de filles que vous rencontrerez en Syrie s’achève. Il y a bien sûr tant de choses « de l’amour et du sexe aussi » dont je ne vous ai pas parlé. De ces hommes qui s’aiment entre eux, se rasant les fesses pour ressembler aux femmes. Et de ces femmes qui s’aiment aussi. De ces enfants qu’on viole et qu’on sodomise. De ceux qui s’aiment en secret ou à la lumière du jour, au-delà des religions et des milieux sociaux. De ceux qui se marient à travers les frontières, occupés par Israël d’une part, citoyens syriens de l’autre. Il y a tant et tant de choses qu’on entend, qu’on sent, qu’on voit et qu’on devine, tant de choses qu’on ne vit pas mais qui vivent autour de soi. Tant de choses que j’aimerais découvrir, déceler, approcher, imaginer et rêver. Tant de choses dont je ne vous parlerai pas. La plus belle d’entre elles je l’ai vécue avec une étrangère, dans un palais alépin. Tant de choses et tant d’autres, des mystères et des joies, des souffrances et des rêves, que je voudrais vous inviter à découvrir. Vous du sexe fort, en vous demandant de dépasser ces regards de feu derrière le tchador, ces regards qui vous anéantissent pour quelques heures. Vous du sexe faible, en faisant abstraction de l’approche machiste qui a prévalu le long de ce mel. Il y  a tant de filles et de garçons, tant de femmes et d’hommes à apprécier, à aimer, avec qui réinventer l’amour, le sexe et la folie. Tant de balles à prendre, de personnes à froisser, de remarques qui cingleront, d’œillades qui marqueront, de magie qui prendra, envoûtera. Venez donc découvrir les Arabes, vous ne serez pas déçus. Venez écouter ces mélodies bercées de « ya habibi », « toi mon chéri » Venez vivre les Mille et une nuits, vous enivrer avec une princesse sur une terrasse, avec un berger au milieu de ruines. Venez surtout au-de-là du mythe, de l’orientalisme et de l’exotisme rencontrer des Arabes qui nous ressemblent, qui aiment comme vous et comme moi. Mieux que vous, mieux que moi. Venez. Ils vous attendent.

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Aymeric Rouillac
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