VENTE AUX ENCHERES DE LA SUCCESSION JULIEN CHEZ MES COUTON & VEYRAC
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Mercredi 12 novembre 2008 à partir de 14h, des objets personnels ayant appartenu à Julien Gracq sont mis en vente à l'hôtel des ventes sous le marteau de Mes Couton & Veyrac.
Il s’agit de livres, d’éditions originales,
d’ouvrages évoquant son intérêt pour les surréalistes, de photos, de
tableaux, de correspondances et de mobilier qui ont constitué une
partie de l’univers personnel du grand écrivain dans sa maison angevine
de Saint-Florent-le-Vieil et dans son appartement parisien du 61, Rue
de Grenelle.
Né en 1910 et décédé sans descendance directe à
l’âge de 97 ans, l’auteur du Rivage des Syrtes, en homme méticuleux,
précis et ordonné, a attribué en avril 2000 la totalité de ses biens
personnels à différents destinataires.
Ce document, sobrement
intitulé "Ceci est mon testament" tient en trois feuillets et deux
codicilles à l’interlignage serré mais à la calligraphie claire et
nette. Les seuls lecteurs de l’intégralité de ce document posthume sont
son notaire, Me Yannick Thébault, de Varades (Loire-Atlantique) et les
attributaires que l’auteur y a désignés.
Pour l’état civil et
le respect de la procédure, le document porte la signature de Louis
Poirier et son rédacteur a ajouté: "En littérature Julien Gracq". On
connaît par la presse les destinataires institutionnels du testament de
Julien Gracq.
L’auteur désigne la Bibliothèque nationale de
France comme attributaire de la totalité des manuscrits autographes
d’une vingtaine de ses œuvres (dossiers de préparation et textes
définitifs) et manuscrits inédits dont un récit inachevé ainsi que
plusieurs carnets de notes.
À charge pour la BNF de fournir à
la Bibliothèque Universitaire d’Angers, qui dispose déjà d’un fonds
Julien Gracq, la copie numérisée des manuscrits des ouvrages publiés.
Angers
recevra également les traductions étrangères de ses livres et les
ouvrages consacrés à Julien Gracq. Le droit moral et de divulgation a
été confié à Mme Bernhild Boie, professeur émérite de littérature
germanique à l’Université de Tours qui a édité les Œuvres Complètes de
Julien Gracq à la Pléiade.
De Saint-Florent-le-Vieil à Nantes et la Forme d’une ville
Si Saint-Florent-le-Vieil a vu naître et mourir
Julien Gracq, Nantes où il étudia, où il découvrit l’univers
fantastique de Jules Verne et où il rencontra André Breton et le
surréalisme, fut plus qu’une étape décisive dans sa vie.
Nantes,
"ce n’était pas seulement une ville où j’avais grandi, c’était une
ville où, contre elle, selon elle, mais toujours avec elle, je m’étais
formé...". On se réjouira donc du choix de Nantes par plusieurs des
héritiers de Julien Gracq pour disperser certains souvenirs à attachés
sa vie personnelle, à son œuvre littéraire et à ses rencontres
artistiques.
Au catalogue figurent une trentaine de dessins,
aquarelles, huiles et lithographies, acquis peu à peu et qui devinrent
son environnement quotidien. Saint-Florent-le-Vieil n’était pas un
ermitage inaccessible.
Les écrivains qui ont aimé Gracq, qui
avaient une dette d’écriture envers le maître, ceux qui appréciaient
son œuvre, ont eu le loisir de lui faire parvenir leurs propres essais.
Une centaine d’ouvrages, le plus souvent en éditions originales,
dédicacés – voire complétés d’un "envoi" personnalisé qui dit leur
admiration et révèle parfois leur talent – ont ainsi été conservés par
Gracq à son domicile parisien ou son lieu de vacances. S’ils n’ont pas
rejoint quelque enfer ou le chemin de l’oubli, c’est que Julien Gracq
les considérait comme essentiels ou qu’il partageait une sorte de
fraternité voire de complicité avec leurs auteurs.
Ainsi des
livres d’Ernst Jünger, dont on sait qu’il fit le pèlerinage des bords
de Loire, d’Henri Queffelec avec lequel Gracq entretint sans nul doute
une correspondance, de Régis Debray qui avait son affection littéraire,
des livres de Rimbaud, de Cocteau, de Colette… Figurent bien sûr
quelques surréalistes: André Breton, forcément, René Char, Man Ray et
André Pieyre de Mandiargues, mais on trouve aussi dans cette liste de
proximité de sympathie le nom d’Eric Orsenna, celui de Jean d’Ormesson
et de Maurice Rheims.
Les curiosités intellectuelles de Julien
Gracq étaient multiples. Sauvage, diront ses détracteurs, Julien Gracq
n'aimait guère les photographes. C’est pourquoi on trouvera un intérêt
rare à la présentation d’une trentaine de photos de l’écrivain, dont
plusieurs sont de l’objectif curieux de Robert Doisneau, son studio
Harcourt à lui, vivantes et fraîches.
Et puis cet étonnant clin d’œil pour ce si pudique sujet, un portrait où Gracq joue à cache-cache avec un masque d’une façon tellement surréaliste. Les passionnés de l’œuvre de Gracq apprécieront de trouver dans le catalogue 35 lettres ou cartes postales et deux télégrammes à lui envoyés par André Breton. Le pape du surréalisme salue de façon continue l’imagination et l’originalité de l’auteur du Château d’Argol dans un échange littéraire riche et passionné.
La dédicace que Breton rédige en 1945 de son livre "Le surréalisme et la peinture " est même une façon d’adoubement à l’Angevin: "A Julien Gracq, au voyant, André Breton."
Une riche correspondance manuscrite avec Barrault ou Colette
Une longue correspondance manuscrite de Jean-Louis
Barrault tenté par la traduction d'une pièce de Kleist par Julien Gracq
s’achève par une condamnation foudroyante et peu amène de Sylvia
Montfort et de son époux Maurice Clavel, soupçonnés par Barrault de lui
avoir volé l’idée.
Au "chapitre" des correspondances, le plus
savoureux, pour les historiens, sera certainement la lecture d’une
courte missive de Colette à Julien Gracq rédigée en 1951 sur un demi
format et sous la typographie "courrier" d’une Remington
administrative.
La présidente du jury Goncourt confirme à l'auteur du Rivage des Syrtes qu’il a obtenu le prix si convoité. Lettre officielle et obligée, quoi qu’en ait décidé le récipiendaire dont on connaît le refus retentissant. "La Chatte" ne sortira pas ses griffes pour autant et correspondra en amie avec Gracq à d’autres reprises..
Expositions Publiques :
- Samedi 8 novembre de 9h à 12h et de 14h à 18h
- Lundi 10 novembre de 9h à 12h et de 14h à 18h
- Mardi 11 novembre de 9h à 12h et de 14h à 18h
- Mercredi 12 novembre de 9 h à 11 h.
Vente aux Enchères Publiques:
- Mercredi 12 novembre 2008 à 14 h
- Catalogue disponible sur demande, 15 €
L'Hôtel des Ventes
Couton & Veyrac
8-10, rue Miséricorde - BP 71906
44019 Nantes Cedex 1