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Aymeric Rouillac
Aymeric Rouillac
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14 mars 2003

DIPLOMATES

Le personnel de l’ambassade est extrêmement sympathique et compétent. Je bosse avec eux de 8 heures le matin, c’est tôt, à 14 heures. Eux bossent aussi de 16 heures à 18 heures. Le Quai d’Orsay n’indemnisant par ses stagiaires, j’ai jugé plus utile de ne pas les accompagner dans ce set de fin d’après midi. Nada, ancienne interprète de Chirac, est libanaise. La quarantaine, elle parle en geignant, nulle en informatique mais très intelligente et rapide. Ruban bleu. C’est ma responsable directe. Salina G., la plus jolie de la chancellerie, a la trentaine. C’est une jeune louve, une bosseuse prévenante qui met rapidement à l’aise en tutoyant. M. G., le conseiller politique, est un orientaliste émérite. Il connaît tout sur tout, et passe du temps dans mon bureau qui est le seul à être doté d’internet. Barbichette, la presque soixantaine, ce détaché de l’Education nationale ne paie pas de mine, me rappelle pour le physique un prof d’allemand exécré au lycée, mais incollable, très fin, avec un grand sens de l’humour. M. P. est le n°2 de l’ambassade. Très sympa aussi, il me raconte un tas d’anecdotes personnelles quand je vais le voir dans son bureau. Il m’a invité dans un super restau mais aime surtout parler de lui, de son rôle dans telle ou telle histoire. Grand, bronzé, cheveux grisonnants, courts, yeux clairs sous des lunettes minimalistes, très élégant.

L’ambassadeur est un grand monsieur, la cinquantaine, ancien conseiller de Chirac (encore) pour le Moyen-Orient. Très fin connaisseur de la région, délectable à écouter avec un sens humain profond, et une excellente ambiance dans son ambassade. Je le vois peu mais travaille essentiellement pour lui, consacrant mes matinées à lui sélectionner et surligner articles de journaux et dépêches en français ou anglais. On pourrait le résumer à son sens émérite de la formule. Lapidaire et efficace. Comme cet autre diplomate qualifié de « mélange de Fouqier-Tinville, de Marat et de Robespierre », ou bien encore l’Iran « comme une flamme pour les insectes, un pays qui vous attire et vous brûle. » Les secrétaires du n°1 et du n°2 sont adorables et prévenantes. Une boîte de bonbons orne le bureau d’Iseult, sa porte est ouverte en permanence. Sourires et compétences.

Les traducteurs sont trois. Djihad le boss, un type truculent qui donne du « mon cher ami » en permanence. Je le relaie dans le boulot qu’il assumait en attendant mon arrivée. Hanna est toujours le premier dans le bureau quand j’arrive le matin pour prendre les journaux arabes avant de les distribuer à la chancellerie. Il traduit les gros titres et j’ai rarement besoin de reprendre ses traductions. Nabil enfin, traduit les éditos. Je passe avec lui beaucoup de temps à comprendre l’idée de l’éditorialiste pour ne pas trahir son texte à la correction. Je crois qu’il apprécie mon contact et l’attention que je mets à son travail et à comprendre la presse syrienne. La sympathie est réciproque.

Enfin il y a tous les gens du consulat, au rez-de-chaussée (nous sommes au deuxième) avec lesquels je fume une clope de temps en temps ou prends des cours d’arabe. Et puis ceux du service culturel. La liste serait longue. Je retiendrai Yves, père de deux charmantes têtes blondes, qui m’a déjà invité à prendre une bière chez lui, Alex, inévitable pour les pauses clopes. Les deux gardes, Philippe et Pascal, se relaient par tranche de 24 heures, et sont le verrou blindé de l’ambassade. Pour finir, rappeler que, compte tenu du risque pays, ces diplomates ont des émoluments qui seraient sept fois plus élevés que s’ils travaillaient dans leur administration d’origine en France.

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Aymeric Rouillac
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