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Aymeric Rouillac
Aymeric Rouillac
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3 mars 2003

PREMIERES IMPRESSIONS

Impressions sur ces petits riens qui alimenteront le grand tout de la guerre.

Après une semaine entière de travail, le plus pénible reste de se lever pour huit heures le matin. Les journées valsent au gré de l’actualité. Menaces américaines de plus en plus lourdes et volte-face irakiennes de plus en plus empressées. La présence d’armes de destruction massive est un mauvais prétexte pour guerroyer. Les Américains le savent mais s’enferment dans un système où la mauvaise foi prime. Les Irakiens n’ont plus que l’humour truculent du ministre Mohamad al-Sahaf pour se défendre. Il passe son temps à stigmatiser les « sauterelles » occidentales, pour le plus grand plaisir des petits et des grands.

Le journal télévisé syrien est une caricature grossière du journal de Groland sur Canal +. Les versions arabe, anglaise ou française commencent ainsi toutes par l’agenda du président Bashar al-Assad.  La Syrie qui se sait chaque jour un peu plus sur la liste américaine des « régimes à faire tomber » donne l’impression de se braquer et de se ranger derrière l’Irak, plutôt que de tenter l’ouverture démocratique qui lui est intimée. C’est ainsi qu’elle annonce à l’avance un vote négatif contre tout projet de résolution à l’ONU légitimant le déclenchement des hostilités. Elle est par ailleurs le seul pays arabe à soutenir l’Irak, qui demande le report du prochain sommet arabe. Cependant elle n’est pas pro-Bagdad. Les deux branches du parti Baas, au pouvoir de chaque coté de la frontière, ont en effet un vieux contentieux en commun. La Syrie serait en réalité un levier de substitution de la France dans le monde arabe. De son coté il est peu probable que la France évacue son personnel en cas de guerre. Seuls les pays riches comme les Etats Unis, l’Autriche, la Grande Bretagne ou la Hollande peuvent se permettre un coûteux rapatriement. Un telle décision est davantage politique que motivée par des questions de sécurité.

Question petites histoires, le dernier sommet arabe a donné lieu à une passe d’armes saoudo-libyéenne hilarante. Elle est malheureusement un digne révélateur de la conception du politique et de la diplomatie dans la région. Kadhafi qui soutient davantage l’Irak que ses « frères » saoudiens leur a lancé un très provocateur « Vous êtes la voix des Etats Unis au Moyen-Orient !» Le prince héritier  s’est défendu en répondant « Et toi, qui t’a amené au pouvoir ? Ouvre les yeux et regarde bien :  tu es face à ta tombe ! » Autre anecdote en vue à Damas : l’environnement de l’ambassade des Etats-Unis. Celle-ci est gardée par des militaires en poste tous les 3 mètres, ce qui en fait l’un des trottoirs les plus inaccessibles de Syrie. L’ambassade d’Algérie est juste de l’autre coté de la rue, et accueille le centre d’intérêts irakiens. Les Irakiens qui sont de fins plaisantins ont décidé de titiller les cousins d’Amérique. Ils ont placardé un superbe portrait de Saddam  sur le mur extérieur de l’ambassade algérienne. C’est ainsi que le Raïs irakien peut observer entrées et sorties chez l’impérial Oncle Sam !

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Aymeric Rouillac
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