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Aymeric Rouillac
Aymeric Rouillac
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21 février 2001

48ème jour, EAKLINKI TEMPLE, Looking Shiva

A quatre heures du mat les festivités commencent. C'est aujourd'hui la fête de Shiva, Le Dieu adulé et respecté. Les temples se préparent depuis plusieurs jours, guirlandes de noël et sono puissante. Impossible de passer à côté. A quatre donc, retour du "ramadan" la sono appelle à la prière. Je reste couché, on verra ça plus tard. Dans la matinée les regards sont rouges, exorbités. Fêter Shiva c'est aussi boire le Bhang lassi. Lait et boule de Marijuana. Effet garanti. Impossible de partager la culture indienne sans se soumettre à l'usage des drogues. Aussi nombreuses et différentes que les multiples jus de fruits et légumes. Opium dans le désert, bhang dans les villes. Mon web café de Jaisalmer en était d'ailleurs accroc, et généreux initiateur.

Je ne m'attarde pas à Udaipur, réservoir de touristes. Le cœur de la fête est un temple lointain, Eaklinki. Le bus s'en va alors que j'arrive, tout juste le temps de s'agripper à l'échelle arrière et de monter sur le toit. L'intérieur est en effet plein. Au fil des km le toit se remplit, les jeeps bondées nous dépassent en klaxonnant. C'est la fête. Le bus s'enfonce dans la montagne, sur le bord de la route des milliers de gobelets en plastique s'amoncellent, vestiges des beuveries matinales. Les bus qui redescendent les premiers pèlerins nous hèlent au passage. On se croirait un 12 juillet 98 en France. Tout ca pour un Dieu...

Le bus s'arrête enfin à plusieurs km de la ville. Des centaines de milliers de pèlerins vont affluer en l'espace de 24 heures dans le petit village. L'ambiance est bon enfant. Ma plus grande satisfaction : je suis assurément le seul blanc dans cette foule démesurée. Le folklore, le vrai. Une fête foraine  se tient à l'entrée du village, puis il faut progresser vers le temple. la prochaine session où les portes s'ouvriront sur Shiva aura lieu à 17 heures. Entre 20 000 et 50 000 personnes attendent déjà dehors...

Je fais une offrande à Ganesh, le dieu éléphant. On brise une noix de coco au dessus de sa statue, on l'enfume d'encens. Puis on dépose les bâtonnets dans une moitié de noix de coco, avec des grains de sucre. Je crois que c'est les résultats en ce moment, est-ce que mes précédentes offrandes ont marché ?

Je vais m'asseoir au bord du lac en attendant,  discuter avec les jeunes pèlerins. Coup de chance incontestable, je tombe sur un groupe de Rajhput, l'élite rajasthane. Ce sont des enfants d'officiers de la police. La suite de la rencontre est assez sympa. On traînasse dans la fête foraine, tour de grande roue. la principale peur n'est pas due au vertige, mais tient à la solidité de l'attraction. Doit pas y avoir trop de commission de sécurité par ici.

A 16 h 30 nous rejoignons le groupe des familles de policiers. Pendant que les fidèles font la queue, nous passons par une porte dérobée, pour voir Shiva sans heurts. Les passe-droit c'est bien pratique. En attendant dans le temple ce sont des concours de chansons, j'emporte le palmarès avec "Aux Champs Elysées". Ni Rajhput ni fils de flic mais leur ami. Cool. Soudain le départ est donné. C'est la course jusqu'à la porte de Shiva. Une statue en bois noir, et quatre faces qui scrutent le croyant. Scène d'orgasme général devant la statue, c'est le bordel chez les flics. Mes potes m'encadrent gentiment. Magique. En sortant c'est l'émeute devant le temple. Les grosses bousculades de midi à la cantine du lycée c'etait de la gnognotte. Ca se rapproche plutôt du match de foot avec ses hordes de Hooligans.

Le bus des flics me reconduit gratis à Udaipur. Gros boxon au fond du car, "Ah les joyeuses colonies de vacances... " La sono de tous les temples de la ville répète inlassablement le nom du héros du jour, avec comme refrain bhang, bhang, bhang. Aussi curieux que cela puisse paraître, je n'ai pas consommé de bhang de la journée, me réservant un ride dans le bus qui me conduit dans la nuit à Puhskar. Mes relations avec les hindous sont en dent de scie, avec certains c'est le grand amour et avec d'autres nous manquons de peu d'en venir au poings. Un rabatteur avait mal apprécié que je plaisante avec une western qu'il harcelait. Keep cool. Cure de Bhang donc juste avant de monter dans le bus. On m'avait promis un deluxe, il n'en n'est rien. Effet du Bhang ou pas, le sommeil profond est aussi chaotique, sur les routes du  Rajasthan. 

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Aymeric Rouillac
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