41ème jour, DESERT DU THAR, Un amour impossible

Réveil de bon matin, départ en Jeep pour le désert. A 9 h 00 petit dej avec Mathias et Marion. Ils sont autrichiens et nous passerons le Camel Safari ensemble. On rigole pas mal du fait qu'hier je leur ai parlé de pashmina dans la boutique du fort... Nos guides sont deux frères, Amin et Jemel. Un retentissant Salam Aleikoum s'impose. Présentation avec les bestioles. J'ai déjà oublié le nom de mon chameau. Ca ne l'empêche pas d'avoir une pêche phénoménale " Full Power Camel ". Un peu de mal à le contrôler. "Kick kick kick " pour avancer et "smack smack smack" pour s'arrêter. On se place sur la selle, jambes branlantes de chaque côté, alors que le chameau est assis. L'animal se lève en deux temps, te projetant vers l'avant puis à l'arrière.

Le chameau c'est hyper impressionnant au début, tu es perché très haut. Puis c'est hyper monotone. Ca te comprime le sexe contre la selle dans un mouvement de va et vient continu. La gaule. Ca t'arrache la peau des fesses dans le frottement contre le tissu du pantalon. Hémorroïdes. Moralité, le chameau : un animal qui te fait bander avant de te faire mal aux fesses... Prudence. A l'attention de mes petites cousines qui ne manqueront pas de me le faire remarquer : je dis chameau (camel), mais c'est un dromadaire, avec une bosse seulement. Anglicisme. Dans la série des excuses, je finis avec ma méprise d'il y à deux jours. Le pashmina ça ne vient pas de la vache mais de la chèvre. En anglais on dit Goat. Comme je sais pas ce que ça veut dire et que je fais l'intéressant, j'ai transcrit vache, mais c'est chèvre... Bref, tout ça c'est du passé.

Nous déjeunons dans un endroit infect. Un champ au milieu du désert. En fait de désert il s'agit d'une poussière de terre sur laquelle poussent de nombreux arbustes. Personne n'a le courage de la cultiver. Quelques familles y vivent, surveillant leurs chèvres et moutons. Y'a quand même une vieille femme, la cinquantaine qui me remonte le moral. Elle veut que je la prenne pour femme, et échapper ainsi à son mari. Celui ci est vieux et bougonnant. Il l'avait achetée 5 000 ruppies, alors qu'elle était veuve d'un homme quatre fois plus vieux qu'elle ! Elle, elle est encore belle, et rit à pleines dents, dans le peu d'anglais qu'elle connaît. Alors bien sur j'aimerais lui dire toute sa force, la caresser, la prendre et l'embrasser. C'est la Saint Valentin, nous sommes seuls à prendre le thé dans sa masure. Son mari attend dehors. Je n'ose pas. Un long moment pour lui tenir la main. Un amour impossible.

Ce soir c'est goat au menu. Le désert, c'est comme les villes. La mafia touristique le contrôle. On essaye de négocier le prix de la chèvre. Y'a pas moyen. On se contentera des vegetables que nous prépare tendrement Amin, le bon gros moustachu du désert. A chaque pose déjeuner ou nuit, nous desharnachons totalement les chameaux, leurs attachons les pieds ensemble, pour les laisser brouter peinards, sans se soucier d'eux. Le bivouac est posé sur une dune. Des enfants viennent jouer et discuter avec nous, leur père est un ami des camel driver, la mafia du désert. On se couche sous d'épaisses couches de blankets, à la belle étoile.