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Aymeric Rouillac
Aymeric Rouillac
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7 février 2001

34ème jour, JAIPUR, au lit avec Aziz

J'en conviens, tout ce qui précède est infiniment trop loin. On va faire plus court. Internet, j'y passe décidément trop de temps, puis bus pour Amber Fort. Le palais est à 11 Km de la ville, perdu dans la montagne. Un flic hors service me guide sur un chemin hors touriste. J'aperçoit ces derniers monter par la grande rampe à dos d'éléphant. J'avais aperçu des éléphants sur la route, maquillés à outrance, encore plus beaux que celui du temple de Madurai. Le touriste aime le Kitsch.

Le palais à l'extérieur a tout du château fort, construit sur un piton rocheux, et entouré au loin par de puissantes fortifications, style la grande muraille de Chine en version soft. L'intérieur est incomparable, l'architecte devait être un torturé, dément, dépressif ou euphorique. Pa quelcun de normal. C'est une débauche de raffinement, de tours, de cours intérieures, de palais des glaces et pièces en profondeur, recelant mille passages discrets. L'insondable légèreté de l'architecture... Je me perds comme un fou dans ce dédale, à la recherche du Minotaure. Pas trouvé. Les indiens qui visitent l'endroit masquent leur appréhension par des cris, du bruit pour vaincre le vertige des lieux, s'invectivant d'une fenêtre à l'autre sans jamais se trouver. Féerique. Ca me rappelle un immense théâtre romain dans le sud  de la Syrie, fortifié au treizième siècle par les arabes, où nous nous étions perdus avec Marie et Tom. En plus grand. Nos châteaux forts paraissent bien primitifs, carrés et déjà cartésiens. Le Rajasthan avait une sacrée longueur d'avance.

Photos souvenir avec les indiens qui le demandent, va falloir que je fixe un tarif, 10 ruppies la toph. C'est l'occasion de renouer plus sérieusement avec la France, et ses voyages organisés "Oh que c'est beau, on dirait un grand tapis en soie. Filme Gérard, filme" No comment. Nous ne sommes pas dans le même trip. Sur la route du retour je m'arrête au water in palace. Venise à Jaipur. Un palais immense et raffiné, construit sous un barrage à sec. On n'y accède qu'en bateau. Pas de chance, il n'est pas visitable. Des hommes font un grand concours de cerfs-volants. J'ai la faiblesse de me présenter comme israélien. Ca m'avait profité dans les boutiques du Palace, le truc marche. Je tombe cette fois sur des musulmans "what do you think about the events ?" Me voila à cracher sur ma terre d'adoption. Pas très cohérent tout ça...

Je trouve Aziz un peu tard. Il me le fait gentiment remarquer. Pas de soucis. Rien de vraiment exceptionnel. Nous passons la soirée à boire du thé et discuter. It's a very nice boy. Un peu crevé d'hier. La maison est plus calme aujourd'hui. Les enfants moins excités. Je passe récupérer mon sac et mon linge dans mon ancien hôtel. Ouais les gars, je pars pour Jaisalmer. Ne pas susciter la moindre jalousie en expliquant mon séjour chez des indiens.

En rentrant je vois la femme d'Aziz se draper de noir. "Elle part voir sa mère deux rues plus loin avec Adil. Elle est souffrante" (la mère). J'ai un peu l'impression de prendre sa place, celle de la femme, pas de la mère... Nous regardons la télé avec les Népali. L'un d'entre eux aime particulièrement les films américains. Pour le coup c'est un polar indien. Pas la peine de parler l'indhi pour comprendre l'intrigue, le super flic tue toujours tous les méchants en mâchant des carottes, il sort avec la fille de son boss, qui elle même est la meilleure amie de la maîtresse du parrain de la ville... La maîtresse ne connaissait pas les activités de son dangereux amant et se fait tuer. Une fois de plus super cop intervient. Tom Pipin, c'est un rôle à ta mesure. Encore plus fort que Mel Gibson. Nous finissons de regarder le film avec Aziz dans sa chambre. Je partage en effet sa couche. Il nous prépare un bon petit thé avant de se coucher. C'est beau les gestes de l'amour !

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Aymeric Rouillac
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