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Aymeric Rouillac
Aymeric Rouillac
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22 janvier 2001

18ème jour, Varkala, journée plage, la condition de la femme touriste en Inde

Quand on est à la plage c’est pour buller. J’avais moyennement apprécié cette activité à Goa ; après deux semaines de voyage, c’est un délice. Des grandes lames de fond ramènent des rouleaux magnifiques. Ils viennent se briser sur le sable, dans un fracas d’écume et de vagues. Le pied.  Le maître nageur, en short et chemise post-coloniale, s’escrime la moustache sur son petit sifflet. Ok, je vais pas trop loin. A ceux qui auraient lu le Voyage au bout de la nuit de Céline je vous demande votre avis, “qu’en pensez vous ?” Je l’ai fini pour la première fois aujourd’hui, après quatre années de lecture et de relecture. Je crois que c’est le meilleur bouquin qui n’ai jamais été écrit. Sérieusement.

Varkala est comme toutes ces plages touristiques de l’Arabian Sea, surpeuplée de masseurs et masseuses, de Tibetan settlement et autres boutiques  Kashmiri. Mes deux copines font du lèche boutique une partie de la journée. Nous avons, le soir venu, une grande discussion avec d’autres françaises et deux indiens sur un sujet qui m’échappe totalement : la condition de la western solitaire en Inde. Haroun est masseur de son état, ce qui l’amène à fréquenter beaucoup de touristes. Ca lui attire ainsi la jalousie de ses compatriotes. Il ne dira pas qu’il souffre de cette jalousie, il préfère feindre l’indifférence. Toujours est-il qu’à cause de cela on lui a déjà cramé sa shop, et que quand il se promène en compagnie de femmes blanches, il est systématiquement l’objet de quolibets, insultes, voire même de menaces.

Les indiennes sont très surveillées. Les filles ne peuvent pas sortir librement, traîner avec des garçons, et restent impérativement vierges jusqu’au jour de leur mariage. 70% des mariages sont d’ailleurs des mariages arrangés. D’un autre côté les indiens sont très attires par la liberté que peuvent avoir les femmes western. A Cochin, si un indien veut entrer dans un bar il doit être accompagné de western. Jordana nous a ainsi parlé d’une bagarre entre deux bandes. D’une part ses amis qui, grâce à elle, pouvaient entrer dans le bar ; d’autre part des indiens refoulés, jaloux… Impossible d’imaginer une histoire d’amitié entre un indien et une western. Tout tourne au mariage, au cul. Forcément. Ma condition de couillu est donc enviable pour ces cheveux longs à l’accent étranger. La touriste trop liantes ou sympathiques se forge rapidement une sale réputation de fille facile, voire de prostituée.

Evidement il ne faut pas généraliser. Haroun nous raconte cette belle histoire : « Dans une main, dit-il en ouvrant la sienne, il y a toujours cinq doigts. Un, deux, trois, quatre et cinq. Ces cinq doigts forment la même main et mais sont tous différents. Partout où tu passes, il y aura des gens biens, ouverts et intelligents. Et il y aura toujours les autres, sur la même main. »

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Aymeric Rouillac
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